Interview d’Armen TIMOURDJIAN, dirigeant-fondateur du GROUPE PERSPECTIVE

Armen TIMOURDJIAN, dirigeant-fondateur du GROUPE PERSPECTIVE, était l’invité de France Bleu Azur, ce lundi 17 février 2020, pour parler du « Bilan de Compétences ».

 

Qu’est-ce qu’un Bilan de Compétences ?

« Le Bilan de Compétences est l’un des rares articles de la formation professionnelle continue qui est régi par un texte de loi. C’est normé, et c'est un accompagnement de 24 heures : c'est officiel. »

 

24 heures en une seule fois ou en plusieurs ?

« C’est un accompagnement dont la totalité doit durer 24 heures. Traditionnellement, les face-à-face durent 16 heures. Le plus souvent, c’est 8 rendez-vous de 2 heures, qui vont généralement se dérouler sur 8 semaines. Ça peut être un peu plus, nous déconseillons que ce soit moins. »

 

Pourquoi ?

« Pour vous laisser le temps de faire vos recherches, de réfléchir, de ne pas faire ce que j'appelle les FBI (les fausses bonnes idées). L’idée est de vous laisser le temps de décanter une idée, de faire une enquête métiers, de rencontrer des professionnels.

Traditionnellement, on part sur 8 semaines, pour 8 rendez-vous de 2 heures, soit 16 heures de face-à-face, auxquelles on ajoute 8 heures de travail personnel. Ce qui fait un total de 24 heures. »

 

Cela signifie que le bénéficiaire va devoir travailler de son côté ?

« Oui, bien sûr, c'est une démarche active. »

 

Donc, je viens vous voir, on va en parler, je vais me renseigner, je vais rencontrer des personnes…

« Vous pouvez aussi et surtout venir parce que, justement, vous n'avez aucune idée de ce que vous voulez faire. C’est la majorité des cas. Le Bilan de Compétences est majoritairement une démarche de salariés en exercice qui ressentent, a minima, un ennui. Parce qu'ils n'aiment plus ce qu'ils font.

Ce sont majoritairement des quadras, qui exercent depuis 10-15 ans, qui vous expliquent qu'ils adoraient (au passé) leur profession. Au bout de 10-15 ans, une lassitude s'est installée et la projection de le faire encore 15-20 ans les laisse un peu perplexes. Donc ils souhaitent réfléchir à quel autre métier ils pourraient exercer. C'est la majorité des cas.

Certaines personnes viennent vous voir en vous expliquant qu'ils font un métier purement alimentaire et qu'ils voudraient faire autre chose. Et vous avez aussi des personnes plus jeunes, auquel cas on sort un peu du Bilan de Compétences, et on rentre dans une démarche de « Bilan d’orientation », en définitive.

Pour en revenir à la cible théorique, c’est un public d’actifs, en poste, qui s'ennuient. »

 

Quels sont les outils que vous utilisez dans le cadre du Bilan de Compétences ?

« Un bon centre de Bilan de Compétences va s'appuyer sur ce qu'on appelle les outils psychométriques. Il y a plusieurs familles, mais les grandes familles d’outils psychométriques sont les inventaires d'intérêts professionnels, qui permettront d’identifier les professions ou familles de professions pour lesquelles vous êtes plutôt faits.

Si, par exemple, vous avez un profil très conventionnel, une profession type « comptable » pourra vous épanouir, parce que vous allez aimer respecter des règles, suivre une trame. Alors que si vous avez un profil plutôt artistique, ce sera l'exact contraire : suivre une trame va plutôt vous étouffer, tuer votre initiative...

Le premier axe, le début de l'entonnoir, ce sont plutôt les intérêts professionnels. Si on avance un peu dans l'entonnoir, on va se diriger vers des tests de personnalité, avec des outils comme le SOSIE2, le MBTI, ou le GOLDEN, qui vont nous aider à identifier votre personnalité.

Si on gratte un peu plus loin encore, on peut travailler sur votre motivation : ce qui vous motive, vous, n'est pas forcément ce qui me motive moi. Peut-être souhaitez-vous êtres libres de vos horaires et moi pas du tout. Peut-être qu’il est très important pour vous de travailler dans une petite équipe, moi c'est le contraire.

Quand on mélange tout ça, on réussit, a priori, à vous aiguiller sur un métier qui vous intéresse, en termes de tâches, mais aussi en termes de contexte de travail. »

 

Est-ce que le Bilan de Compétences vous permet d’identifier une famille de métiers ou un métier précis ?

« C’est toujours le système du goulot d'étranglement, c’est-à-dire qu’on va avancer : on va passer d'une famille de métiers pour aller vers quelques métiers, pour ensuite tester plus précisément 2-3 métiers.

A la fin du Bilan, vous êtes censé avoir une idée assez précise de métiers qui peuvent être voisins. »

 

Les résultats des Bilans de Compétences sont bons ? Les gens sont heureux ?

« Les résultats sont très bons quand l’accompagnement est bien fait. »

 

Quelle est la marge d’erreur du Bilan de Compétences ?

« Ce n’est pas prédictif, attention. Dans le pire des cas, nous ne servons à rien, mais nous ne disons pas de bêtise. Quand vous travaillez avec des outils psychométriques, vous pouvez malheureusement arriver à des résultats qui, sans être jargonneux, vont dire que les intérêts professionnels ne sont pas matures.

Dans de rares cas, il n'y a pas d'attrait particulier sur une filière, et effectivement c'est ce qu'on appelle les Bilans de Compétences « décevants ». C'est assez rare. Mais l'avantage, quand on le fait avec une démarche d'honnêteté intellectuelle, c'est qu'on ne s’est pas obligé à projeter, sur la personne, un métier qui ne lui correspond pas. Mais c’est quand même assez rare. »

Témoignage d’Anne, bénéficiaire d’un Bilan de Compétences

Le Bilan de Compétences est là pour vous aider à vous réorienter. Anne est avec nous pour témoigner. Bonjour Anne, vous avez fait un Bilan de Compétences…

« J’ai fait un Bilan de Compétences et j’en suis ravie. J'avais besoin, à un moment donné, de faire le point sur ma carrière. »

 

On peut vous demander ce que vous faisiez ?

« Je travaillais dans le service marketing d'un grand groupe et je sentais venir une réorganisation qui allait singulièrement modifier mes plans de carrière.

J'adorais et j'adore toujours ce domaine, dans lequel je travaille depuis plusieurs années. Seulement, j'avais envie de savoir comment organiser les 20 prochaines années. Et le Bilan de Compétences m'a vraiment aidée à savoir ce que j’aimais faire, ce pour quoi j’avais des aptitudes naturelles, grâce à des outils.

Je suis ressortie de mon Bilan de Compétences avec les idées beaucoup plus claires. »

 

Est-ce que vous êtes restée dans le même domaine d’activité ?

« Oui, j'adore toujours. Je suis restée dans le même domaine. C’est ce Bilan de Compétences qui m’a confortée dans ce domaine. En revanche, maintenant, je suis indépendante.

Grâce à ce Bilan de Compétences, j'ai pu mettre en place un certain nombre de formations et de projets qui m'ont permis de franchir le pas et de créer ma propre entreprise. »

 

Comment avez-vous abordé votre Bilan de Compétences ? Il faut avoir confiance en la personne que vous avez en face de vous…

« Tout à fait. J’ai choisi de me rapprocher de 2 centres de Bilan de Compétences. J’y suis allée, un peu, au feeling. Et je suis ravie de mon choix. »

 

Vous avez lâché prise tout de suite ?

« La conseillère qui m’a reçue m'a très rapidement mis à l'aise et j'ai pu parler de mon expérience. Elle était très à l'écoute…

Le Bilan de Compétences demande du travail, de la réflexion et de l’introspection. Mais c’est une expérience que, vraiment, je recommande. »

 

Combien de temps vous a pris le « passage à l’acte », Anne ? A quel moment avez-vous quitté l’entreprise pour vous lancer ?

« C'est un projet que j'avais maturé depuis un petit moment. Disons 18 mois. Parce que c’est grâce à ce Bilan de Compétences que j’ai ensuite décidé de réaliser une Validation des Acquis par l’Expérience (VAE). C’est une des pistes qui avait été révélée par ce Bilan.

Il faut accorder à ce type de démarche du temps et de l’énergie. Mais allez-y ! »

Pour terminer cette matinée, consacrée au Bilan de Compétences, nous allons maintenant parler de l’administratif, qui s’est bien simplifié, Armen TIMOURDJIAN...

« Tout à fait. Une application mobile a été lancée par l’Etat, le 21 novembre dernier, avec l’immense avantage d’être dématérialisée et désintermédiée.

Tout d’abord, on n’a plus d’heures de formation, mais des euros. Toute personne qui se connecte peut visualiser son crédit de formation en euros. C’est le premier progrès.

J’invite tout le monde à installer cette application et à se connecter. Le numéro de sécurité sociale suffit. C’est directement relié à l’URSSAF et vous avez votre solde qui apparaît.

Autre avantage, c’est désintermédié. Donc vous n’avez plus votre employeur ou votre conseiller Pôle-Emploi. Concrètement, vous ne demandez plus la permission à personne. Le CPF est personnel, et ne regarde que vous. Ce qui est un gros avantage, notamment pour effectuer un Bilan de Compétences en toute confidentialité.

Petit avertissement : le Bilan de Compétences était auparavant régi par le FONGECIF. A partir du 1er janvier 2021, il y aura une nouvelle autorité, via une certification qui s’appelle QUALIOPI. De fait, en 2020, attention, c’est un peu le Far-West. On peut trouver tout et n’importe quoi.

Un Bilan de Compétences sérieux, c’est à peu près 16 heures de face-à-face. Et cela coûte entre 1400 et 1600 €. Donc méfiez-vous des Bilans de Compétences affichés à 200, 300, 400 € pour quelques heures de face-à-face. C’est absolument n’importe quoi.

L’application Mon Compte Formation comporte un moteur de recherche, avec géolocalisation. Si vous connaissez le nom du centre, vous pouvez le renseigner. Pour PERSPECTIVE, par exemple, il faut entrer « PCCF ».

A Nice, aujourd’hui, il y a 10 acteurs sérieux. Alors que sur l’application, vous en trouverez 70 sur la même zone géographique. Donc faites attention. Ne confiez pas votre avenir et l’avis sur votre avenir à n’importe qui ! »