Armen TIMOURDJIAN, le dirigeant-fondateur du GROUPE PERSPECTIVE, était l’invité de l'émission "C Votre Emploi", sur BFM Côte d'Azur, ce mercredi, quelques semaines après avoir été sacré "Champion de la Croissance" par le palmarès Les Echos / STATISTA. L'occasion d'aborder les activités proposées par le Groupe PERSPECTIVE, au premier rang desquelles figurent la Formation et le Bilan de Compétences.

 

Quel est l'objectif premier de votre centre de formation ? 

« Notre premier objectif est de répondre aux besoins en formations, en conseil, mais également en coaching, des particuliers ainsi que des entreprises, en veillant à proposer des services de qualité. »

 

Beaucoup de personnes souhaitent utiliser leur Compte Personnel de Formation (CPF). Peut-on (ré)expliquer de quoi il s'agit ? 

« Le CPF, tous les Français y ont droit ou presque. Il y a en tout cas une ambition d'universalité.

Je dis "presque" parce que ce n’est pas encore totalement le cas pour les fonctionnaires, mais on y est presque. Les professions libérales y ont droit également.

Tous les Français ont du CPF, à hauteur de 500 € par an, cumulable dans la limite de 5000 €. Ceux qui ont un faible niveau de qualification ont droit à 800 euros par an. Il faut considérer cela comme une tirelire. Ce crédit est totalement libre d'utilisation à partir du moment où la formation est éligible au CPF.

Pour cela, il faut qu'elle soit certifiante ou diplômante et c'est une nuance qui est importante. »

 

On a tous reçu des appels téléphoniques et des messages à répétition ces derniers mois. S’agit-il toujours d’arnaques au CPF ?

« Oui et non. Il faut savoir que le démarchage dans le cadre du CPF est interdit. 

Un organisme de formation a le droit de vous rappeler si vous le contactez, mais ne peut, en aucun cas, vous démarcher dans le cadre du CPF.

De même qu’il n’a pas le droit de mettre en avant des arguments de gratuité. Et pour cause, les formations CPF ne sont pas des formations gratuites, mais des formations qui peuvent être prises en charge, sous réserve d'éligibilité au CPF, et sous réserve que vous ayez suffisamment de crédit pour la financer.

Lorsque vous recevez un message qui vous invite à utiliser votre CPF, dans le meilleur des cas, c'est une pratique commerciale abusive, qui conduit à une formation de piètre qualité, puisqu'elle enfreint des règles déontologiques. Dans le pire des cas, c'est une tentative de phishing pour vider votre compte CPF. »

 

A quoi faut-il faire particulièrement attention ?

« Le compte CPF est très bien fait puisqu'il est relié à votre numéro de sécurité sociale. Pour connaître votre crédit CPF, il vous suffit de vous connecter sur Mon Compte Formation et votre crédit CPF apparaît.

Lorsque vous êtes démarché et qu'on vous propose gentiment de créer pour vous votre compte CPF, pour vous rendre service bien sûr, et qu'on vous demande votre numéro de sécu, c'est une arnaque totale. C'est totalement illégal. 

Ne communiquez jamais votre numéro de sécurité sociale. »

 

Ces fraudes au CPF ont-elles des conséquences sur votre activité, au quotidien ?

« Oui, le CPF a très mauvaise presse depuis quelques mois. Cela ne va pas durer éternellement, puisque l'État fait actuellement le ménage – France Compétences a mis en place beaucoup d'actions – mais pour la première fois de notre histoire, nous avons même du mal à recontacter des clients.

Au moment de rappeler des clients qui nous ont contactés pour une demande de formation TOEIC, par exemple, il arrive que nous nous fassions raccrocher au nez ou insulter dès lors que l’on prononce le mot « formation » ou « CPF ».

 

En quoi le fonctionnement du CPF a-t-il changé ces dernières années ?

« Historiquement, le CPF fonctionnait sous forme d'heures, ce qui était incompréhensible. L'État a simplifié les choses, en monétisant (les heures sont devenues des euros) et en dématérialisant (une appli en ligne a remplacé le papier). Mais également en désintermédiant, c’est-à-dire que plus aucun intermédiaire (type Pôle Emploi) n’a son mot à dire désormais sur la façon dont vous souhaitez mobiliser votre CPF.

Aujourd’hui, l’utilisation de votre compte CPF ne regarde personne d’autre que vous, dès lors que vous le mobilisez sur votre temps personnel, en dehors de votre temps de travail. Il vous suffit de créer votre compte en ligne puis de vous inscrire à une formation. 

La réforme du CPF a incroyablement simplifié les démarches, et multiplié, je crois, par 10 ou 15 son usage en deux ou trois ans.

C'est une bonne chose, la "loi pour la Liberté de choisir son avenir professionnel" porte bien son nom et a été bien pensée. Le CPF est un levier intéressant pour cela. 

Certaines personnes pensent que l’on y a perdu avec la monétisation du CPF, mais c'est un mauvais calcul de penser ça.

Lorsque le CPF a été monétisé, moins de 1% des personnes l'utilisaient. En le monétisant, l’Etat avait pour objectif que tout le monde l’utilise »

 

Quelles sont les formations qui ont le plus la cote aujourd'hui ?

« Dans ce monde post-covid, le Bilan de Compétences a le vent en poupe parce que beaucoup de gens s’interrogent quant au sens de leur travail, de la meilleure adéquation vie personnelle / vie professionnelle, des compétences, mais aussi de la motivation durable.

La Validation des Acquis de l'Expérience (VAE) connaît aussi un succès important, toujours avec cette même logique de reconversion. Imaginons que vous êtes vendeuse depuis 12 ans, vous n'avez pas de diplôme, vous souhaiterez peut-être valoriser votre expérience en validant un BTS Vente.

Les langues et le numérique enfin, intéressent également : toutes ces petites compétences qui peuvent manquer pour changer de poste par exemple. »

 

D'après un sondage BVA, 25% des salariés français envisagent de démissionner dans les deux prochaines années, est-ce que vous le ressentez ?

« On le ressent énormément, notamment au niveau de nos activités de Conseil / RH.

Il y a ce phénomène que l'on appelle « la Grande Démission » : de plus en plus de gens se posent vraiment la question du sens de leur travail et pas simplement du salaire ou de la sécurité de l'emploi.

À notre échelle, nous constatons que les secteurs de la banque et des assurances sont notamment concernés. Des secteurs sobres, un peu financiers, un peu sérieux, qui avaient bonne presse historiquement, notamment en termes de sécurité de l'emploi et de salaire. Mais où de plus en plus de personnes, en quête de sens, nous disent "Je ne me vois pas faire ça encore 25 ans".

Dans le monde d'avant, on changeait d'entreprise. Aujourd'hui, on hésite de moins en moins à changer de métier. »

 

Dans cette ère post-covid, vers quel(s) secteur(s) ces personnes se tournent-elles davantage ?

« C'est très variable, mais les métiers qui ont du sens, les métiers concrets, attirent beaucoup.

Des banquiers qui veulent devenir boulangers, et nous disent "Je veux toucher la pâte à pain, je veux être au contact avec le client, je veux voir ce que je fabrique."

Très souvent, le bénéficiaire opère une rupture totale avec son ancien secteur d’activité.

Ce virage à 180 degrés concerne de plus en plus les jeunes diplômés.

Historiquement, lorsque vous aviez un Bac + 5 ou que vous sortiez d’une grande école, votre chemin était plus ou moins tracé. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes, après seulement 2 ou 3 ans de carrière, cherchent à se reconvertir. »

 

Selon vous, s'agit-il d'un effet post crise sanitaire ou bien est-ce quelque chose de plus profond ?

« Avant la crise, nombreuses étaient les personnes presque "workaholic", qui consacraient leur vie à leur travail. Avec le Covid, le chômage partiel a permis de faire prendre conscience à beaucoup de personnes que leur vie continuait sans ce travail. Et au moment de reprendre leur poste, ce dernier ne leur procurait plus aucun plaisir. Pour beaucoup, le retour à la normale a été vraiment difficile. 

Il est évident que le Covid a tout changé. »